Note honteusement piquée à http://lusitanie.fr/2008/10/accord-orthographique-de-la-langue-portugaise
La langue portugaise est une langue riche de sa présence sur quatre continents, dans les deux hémisphères, forte des millions d’hommes et de femmes qui la parlent. Mais jusqu’à très récemment, il existait entre le portugais du Brésil et le portugais du Portugal et des pays africains d’importantes différences d’orthographe.
Ces différences étaient considérés comme un frein au prestige de la langue, un frein à son rayonnement culturel à travers le monde. Les pays lusophones, donc, ont tenté plusieurs fois par le passé de se rapprocher.
Avec l’avènement de la République Portugaise, en 1910, une importante et profonde réforme orthographique de la langue portugaise eu lieu : désormais, on écrit le portugais pratiquement comme ça se prononce. C’est à ce moment là que tout les Da Sylva sont devenus des Da Silva. Vous le saviez, ça, vous? C’est à ce moment là que la ville de Thomar devint Tomar. C’est à ce moment là que « pharmacia » devint « farmácia ». Le portugais s’éloigne de l’orthographe française, qui n’a toujours pas connue de révision de telle ampleur (et c'est tant mieux!) .
Sauf que… les Portugais avaient fait cette profonde réforme unilatéralement, sans demander leur avis aux Brésiliens.
Il y aura donc par la suite plusieurs tentatives de rapprochement, avec l’importante réforme de 1943, qui vint résoudre une bonne partie des différences problématiques entre les deux orthographes.
Depuis le 21 juillet 2008 très exactement, date de la promulgation du texte de loi qui change l’orthographe de 1,6% des mots portugais (du Portugal). Et oui, désormais, les deux orthographes (du Portugal et du Brésil) sont identiques!
De très nombreuses résistances se sont fait sentir au Portugal (et je les comprends!), et se font toujours sentir, contre ce qui est considéré comme un appauvrissement de la langue. L’accord était prêt depuis 1990, il a fallu 18 ans de discussions pour qu’il passe en pratique, c’est dire si c’est polémique. Au Brésil en revanche, l’accord a plutôt été applaudit…
Alors, qu’est ce qui change? Principalement une histoire d’accents, et de lettres muettes. Nous écrivions « objecto » (pour « objet ») en Portugais du Portugal, désormais nous devrons écrire comme les Brésiliens : « objeto» .
Les Brésiliens n’utiliseront plus le tréma. Un mot comme « freqüência » s’écrira « frequência« . Ils perdent également d’autres accents, jugés inutiles, comme par exemple l’accent de « idéia« , qui devient « ideia« , comme au Portugal.
En ce qui concerne certains mots commençant par H, par exemple « húmido« , le texte de l’accord ne se prononce pas : les deux orthographes, « húmido » ou « úmido » (à la façon brésilienne) sont donc correctes.
Ce qui m’ennuie le plus dans cet accord, c’est que beaucoup de mots s’éloignent du Français. C’était plus facile pour moi d’écrire sans fautes. Voyez par exemple le mot « acto » (pour « acte »), qui devient « ato » . Je n’ai pas l’impression qu’un jour je puisse m’habituer à écrire comme ça, même si il est vrai qu’on ne prononce plus le C depuis très longtemps.
Ce tableau montre ce qui change principalement pour les brésiliens (piqué à Wikipedia):
Norme brésilienne (pt-BR) | Accord orthographique |
lingüiça | linguiça |
pingüim | pinguim |
freqüência | frequência |
qüinqüênio | quinquênio |
assembléia | assembleia |
idéia | ideia |
européia | europeia |
abençôo | abençoo |
enjôo | enjoo |
vôo | voo |
Pour le reste du monde lusophone, voici un tableau des principaux changements :
Norme portugaise (pt-PT) | Accord orthographique |
acção | ação |
acto | ato |
afecto | afeto |
aspecto | aspeto |
respectivo | respetivo |
infecção | infeção |
óptimo | ótimo |
concepção | conceção |
recepção | receção |
intersecção | interseção |
intercepção | interceção |
asséptico | assético |
Egipto | Egito |
adoptar | adotar |
há-de | há de |
hão-de | hão de |
Avec cet accord, le Brésil et le Portugal pourront mettre en commun leurs efforts de la promotion de la langue portugaise. Le Brésil pourra enfin aider les pays lusophones africains dans l’éducation. Il n’y aura plus qu’un seul dictionnaire pour l’ensemble de la communauté lusophone.
Mais n'est-ce pas la fin du portugais du Portugal au profit du Brésilien ?
Personnllement, je rentre dans la résistance. Je n'admettrais pas de forcer les Québequois à adopter le français de France, pas plus que les français à adopter le français du Québec. Les langues sont vivantes...